Par ces Absurdités et paradoxes de Nasr Eddin Hodja, Jean-Louis Maunoury met un terme àune recherche commencée il y a près de vingt ans et qui a déjà donné lieu à la publication de troiouvrages chez le même éditeur - PhébusLes histoires de Nasr Eddin Hodja, très brèves en général, sont connues et répandues dantous les pays de domination ottomane. Il s'agit d'une tradition pluricentenaire, à la fois populaire esavante, qui met en scène un personnage ambigu dont l'humour très particulier, décalé, peuparaître aux lecteurs occidentaux comme à la fois particulièrements moderne et universelLe titre de ce dernier ouvrage témoigne de cette ambiguïté savoureuse. Le mot « absurdit» renvoie en effet à l' « idiotie », vraie ou feinte, du personnage, celui de « paradoxe » à l'enseignement » d'un sage qui questionne de façon à la fois plaisante et rude toutes les certitudesA tel point que certains ont pu le qualifier de « Socrate en sabots » ( il serait d'ailleurs plus prochde Diogène le Cynique, dont la maïeutique était en actes ). D'autres se référant au soufisme, dfaçon sans doute plus appropriée, ont pu en parler comme de l' « ombre comique de Rumî » , lgrand mystique médiéval. Mais en définitive, quelle que soit la pertinence de ces prestigieuseréférences qui risquent de l'écraser, Nasr Eddin Hodja est avant tout le maître d'une dérision qun'épargne rien ni personne, y compris lui-même. Les Absurdités et paradoxes de Nasr Eddin Hodja est le type même du livre de chevet. On en lit quelques pages et il est sûr que les rêves seront aussi nombreux qu'agréables.